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On dit beaucoup de choses des voyages, qu’ils forment la jeunesse etc. Moi qui est quitté ma Touraine natale très tôt, pour voyager justement, je remarque, à chacun de mes retours, dans la régions que mes amis, vieillissant, la quitte, pour aller plus près de la mer, plus au sud, plus dans les montagnes, ou plus près de leurs petits-enfants à l’étranger.
J’ai trouvé cette annonce “Maison à vendre en Touraine” et aux photos qui l’accompagnaient j’ai réalisé que cette maison était celle de mes derniers amis vivant dans la région. Après leur départ, je n’aurais plus de liens très profonds avec la Loire, plus de rapport avec ma jeunesse. Cette maison est trop chère pour moi, et même si j’avais les moyens, est-ce que je veux rester ici? Henry Purcell a écrit “O Solitude, my sweetest choice” mais justement, dans son cas, la solitude était un choix.
Mes amis sont loins, en Allemagne, au sud et au nord de l’Espagne, aux USA,aux Pays-bas, au Japon…
Et si je quitte la région, par crainte de cette solitude. Où aller?
Ô Solitude
Ô que j’aime la solitude !
Que ces lieux consacrés à la nuit.
Éloignés du monde et du bruit,
Plaisent à mon inquiétude !
Ô que j’aime la solitude !
Mon Dieu ! que mes yeux sont contents
De voir ces bois, qui se trouvèrent
À la nativité du temps,
Et que tous les siècles révèrent,
Être encore aussi beaux et verts
Qu’aux premiers jours de l’univers !
Que je prends de plaisir à voir
Ces monts pendants en précipices.
Qui, pour les coups du désespoir.
Sont aux malheureux si propices.
Quand la cruauté de leur sort.
Les force à rechercher la mort.
Oh ! que j’aime la solitude !
C’est l’élément des bons esprits,
C’est par elle que j’ai compris
L’art d’Apollon sans nulle étude.
Je l’aime pour l’amour de toi,
Connaissant que ton humeur l’aime ;
Mais quand je pense bien à moi.
Je la hais pour la raison même :
Car elle pourrait me ravir
L’heur de te voir et te servir.
Ô que j’aime la solitude !